Amarrés à Thieu, sur le canal du Centre ancienne branche depuis plus de 10 mois, nous sommes impatients de reprendre la route ou plutôt le fil de l’eau. Notre projet est de descendre jusqu’au sud de la France, soit plus de 1200 km de canaux et fleuves pour un périple que nous estimons à 2 mois. Notre bateau est un Tjalk hollandais de 1897 en acier mesurant 20 m sur 4,60 m. Il s’appelle SPES.
(Photo 1),
(Photo 2).
Nous nous présentons : Gilles et Violette, la soixantaine en pré-retraite depuis un an, navigateurs à voile dans les Antilles depuis 12 ans, de retour en Europe et décidés à devenir plaisanciers du fluvial (C’est plus calme)
Les préparatifs :
- Le plus important : Suivre une formation en navigation fluviale et passer le permis fluvial. Habitués à la navigation marine, nous avions conscience de nos grandes lacunes en navigation fluviale. Après deux mois de formation (Merci au Snef !) et l’obtention du permis restreint/général, nous voici rassurés quant à notre capacité à affronter les 1200km de navigation qui nous attendent.
- Ensuite, amélioration de l’autonomie électrique du bateau : Nouveau parc de batterie, installation d’un chargeur de batteries, d’un convertisseur, d’un groupe électrogène et équipement de tout le bateau en lampes à Led.
- Et puis, installation d’une 2ème cuve à gasoil portant notre capacité à 1500 litres plus 200 litres dans des bidons, quantités qui devraient être suffisantes pour le moteur et le groupe électrogène. Nous n’aurons en principe pas de problème d’approvisionnement en gasoil durant tout le voyage. Nous stockons aussi 3 bouteilles de gaz soit une autonomie de 9 semaines pour le frigo, la plaque de cuisson et le chauffe eau.
‐ Bien sur, stockage de toutes les denrées consommables telles que l’huile de vidange du moteur, l’huile de transmission pour l’inverseur, la graisse pour le presse‐étoupe et les pièces de maintenance essentielles comme filtre à gasoil, filtre à huile…
‐ Et aussi, approvisionnement en denrées alimentaires qui se conservent et en produits d’entretien et d’hygiène pour limiter les corvées de courses seulement aux aliments frais.
‐ Enfin, préparation du trajet
(Photo 2 bis)
avec notre logiciel de navigation fluvial PC‐NAVIGO sur la base de 7 heures de navigation par jour en moyenne. Le logiciel estime à 1 mois sans escale. De notre coté, nous prévoyons déjà seulement 5 jours par semaine de navigation et quelques escales touristiques plus longues.
Le départ :
D’abord, le faux départ le 17 juillet 2012. Nous sommes prêts, il fait beau. Nos amis nous rejoignent pour partager avec nous cette première journée de navigation. Nous passons le pont-levant de Braquegnies pour aller faire demi-tour sous le pont de l’autoroute où le canal est plus large. Nous repassons le pont-levant pour nous diriger vers le pont-levant de Thieu et l’ascenseur n°4
(photo ascenceur N° 4).
Tout à coup, l’agent du canal, nous fait des signes du chemin de halage! Nous ralentissons et dés que nous sommes à sa hauteur, il nous explique que l’ascenseur N° 4 est fermé pendant 2 jours pour cause d’entretien. Pas possible de passer de l’autre coté car c’est la même chose pour l’ascenseur N° 2. Nous regagnons notre place de départ... très déçus. Mais cette fois, nous sommes dans le bon sens pour partir.
Le voyage
En Belgique.
Finalement, le 19 juillet suivant, par une matinée froide, pluvieuse et ventée, nous larguons les amarres avec nos amis. Cet été, la météo n’est vraiment pas clémente ! Bon, ne dit-on pas « départ pluvieux, départ heureux ! ».
Avec le vent, nous touchons un peu sur les cotés en passant le pont-levant de Thieu. Mais le passage de l’ascenseur N°4 et la petite écluse de Thieu se font sans problème. Nous voici sur le canal du Centre grand gabarit. Le moteur de « Spes » fait un joli bruit régulier « teuf teuf teuf teuf… ». A 1100 tours, nous avançons à 10 ou 12 km/heure.
Avant midi, nous avons passé les deux grandes écluses de Havre et Obourg-Warton
(Photo 3).
Petit incident : pendant la descente dans la deuxième écluse, une amarre est restée sur le bollard en haut, et en la retirant brusquement, elle est venue frapper fortement une vitre du coté du bateau qui s’est brisée. Il pleut fort et il y a du vent, et nous sommes un peu fébriles pour ce premier jour. Bon ce n’est que du verre cassé ! Maintenant nous ferons plus attention, c’est l’expérience qui commence. 30 mn après, nous prenons le Canal Nimy-Blaton-Péronnes, 35 km sans écluse
(Photo 4).
Et le temps s’éclaircit, le soleil commence à briller et c’est le bonheur. Après les écluses 1 et 2 de Péronnes, nous voici sur l’Escaut où nous entrons en France. Encore environ 20 km et le passage de l’écluse de Fresnes-sur-Escaut, nous atteignons le village de Saint-Saulve. Nous décidons de nous amarrer là, au quai public, pas très agréable d’ailleurs, mais il est déjà presque 21 heures et nos amis doivent retourner à Thieu. Mais avant, nous fêtons dignement cette première journée de navigation qui s’est finalement très bien passée : 75 km parcourus, nous ne pensions même pas arriver si loin le 1er jour !
(Photo 5).
En France.
Le lendemain, nous voici que tous les deux : nous nous organisons, Gilles à la barre, Violette aux amarres et tout se passe bien. Nous devons prendre notre vignette VNF, mais ce n’est qu’à la 3ème écluse (Trith-Saint-Léger) que le bureau de VNF peut nous la délivrer et comme il est midi, nous devons attendre 14 h. Nous profitons pour déjeuner. Nous continuons sur l’Escaut, puis une partie de la liaison Dunkerque-Escaut et enfin, nous atteignons le Canal du Nord
(Photo 6).
Juste à la jonction, le village de Palluel/Arleux, avec ses grands quais bétonnés et bordés de gazon sur les 2 rives, il est 19 h 00, nous nous amarrons assez facilement. De nombreux bateaux de commerce sont amarrés, mais les quais sont grands et il y a de la place
(Photo 7).
Nous sommes satisfaits de cette 2ème journée à deux et en plus le temps est devenu estival. Cela se passe bien avec les éclusiers, ils sont très sympathiques, ils ont enregistrés notre bateau sur leurs ordinateurs pour un trajet jusqu’à Arles.
Ce 3ème jour, nous attaquons le canal du Nord. Les écluses commencent à être plus étroites (5,95m) et les biefs plus courts. Parfois l’entrée dans les écluses est un peu difficile, s’il y a du vent et surtout avec le déversoir qui est souvent juste devant et qui pousse le bateau par le travers. Il faut anticiper et garder juste ce qu’il faut de vitesse pour contrer cette dérive et entrer dans l’écluse pas trop vite et sans toucher les bords. Ce n’est pas évident ! Il y a bien quelques petits chocs de temps en temps. C’est encore l’expérience qui rentre ! Après 7 écluses, nous arrivons devant le tunnel de Royaulcourt, notre premier tunnel et il mesure quand même 4,350 km de long pour 5,95 m de large. Il n’est que 17 h 00, mais nous décidons de passer la nuit au quai d’attente du tunnel
(Photo 8)
et
(Photo 9).
D’abord le coin est joli et aussi car nous voulons voir un peu avant comment cela se passe pour le passage du tunnel.
Grand tunnel de Royaulcourt 4,350 km.
Donc, dés le réveil, nous demandons le passage du tunnel et quand le feu passe au vert, après environ une heure d’attente, nous pénétrons sous la voute. Il y a des guides métalliques des deux cotés et c’est assez bien éclairé et balisé. Il faut juste rester au centre
(Photo 10).
Et là, une petite aventure qui heureusement s’est bien terminée. Vers le milieu, le tunnel s’élargit et c’est encore plus facile. Tout à coup, nous apercevons au loin comme un feu rouge… c’est quoi ? Nous avançons doucement. Puis une ombre commence à se dessiner sur l’eau, loin devant nous. Cela ressemble à une étrave de bateau... mais c’est un bateau qui arrive en face et un grand convoi en plus! Vite nous nous serrons à droite, le bateau en face nous envoie un coup de projecteur. Et là, le fameux feu rouge vu au loin passe au vert... et nous comprenons que la partie large du tunnel est une zone de croisement et le feu rouge indique qu’il y a un bateau avant la zone de croisement. Personne ne nous a précisé ce détail, ni l’agent de VNF qui s’occupe du tunnel, ni le logiciel de navigation... Et nous, nous étions là tranquillement au milieu sans savoir qu’un bateau pouvait venir dans l’autre sens ! Enfin, rien de grave, juste une petite frayeur.
Après le tunnel, nous sommes «avalant», et les entrées dans les écluses sont encore plus dures. Nous constatons que nous « tapons » un peu trop en entrant. Il va falloir revoir notre façon de procéder. Nous passons encore 5 écluses après le tunnel et nous arrivons au quai de Péronne
(Photo 11).
où nous décidons de faire une escale d’une journée.
Pas d’eau, ni d’électricité au quai, mais il y a un port de plaisance juste à coté pour faire le plein d’eau. C’est valable pour les petits bateaux, car le port est étroit. Nous demandons au camping qui se trouve le long du quai et ils ont été très serviables et nous ont fourni de l’eau (Heureusement que nous avions plusieurs longs tuyaux).
Durant l’escale nous décidons d’une stratégie pour entrer dans les écluses : Violette sera à l’avant et guidera de ses mains la manoeuvre de Gilles à la barre pour que l’avant du bateau soit pile à l’entrée et cela à vitesse réduite pour être pratiquement à l’arrêt devant l’écluse. Il ne restera plus qu’à entrer doucement en glissant le long des bajoyers. C’est ainsi que nous terminons les écluses du canal du Nord et notre méthode marche bien.
Petit tunnel de Panneterie 1,060 km.
Nous passons aussi un petit tunnel de 1 km. En fin d’après midi du 6ème jour, nous virons sur le Canal latéral à l’Oise et nous nous amarrons au quai de Pont L’Evêque
(Photo 12).
Amarrage difficile car la place est petite, derrière une grosse péniche et qu’il n’y a qu’un bollard disponible. Les quais de pont L’Evêque sont très encombrés et à 5 minutes près, nous n’aurions même pas eu de place. Mais le village est très agréable. Nous faisons le point : 200 km parcourus en 6 jours, nous sommes satisfaits.
Première télécommande et tunnel de Bray en Laonnais 2,36 km.
Le lendemain, nous constatons que les écluses ont encore « rétrécit » : 5,60 m de large pour 40,50 m de long. Nous passons 2 écluses sur le Canal latéral à l’Oise, puis nous obliquons dans le Canal de l’Oise à l’Aisne
(Photo 13).
A l’écluse d’Abbecourt, nous recevons une télécommande pour les 13 écluses suivantes qui sont automatiques. Cela fonctionne bien en principe. Sur les instructions, ils disent d’appuyer une seule fois sur la télécommande à 300 m avant l’écluse(il y a un panneau), mais parfois cela ne marche pas tout de suite, s’il y a trop d’arbres par exemple…il faut être sur que le signal a bien été pris en compte, soit le feu vert clignote à coté du rouge (l’écluse est en préparation), soit un petit signal jaune à coté des 2 feux rouges (l’écluse est occupée et notre signal est pris en compte). De toute façon, tant que c’est rouge, il faut attendre. Il peut arriver que l’écluse soit en panne, alors il faut appeler VNF soit par VHF soit par téléphone. En général, ils interviennent dans les 10 mn. Nous passons donc les 13 écluses automatiques, ainsi que le tunnel Bray-en-Laonnais de 2,36 km seulement
(Photo 14),
mais très stressant car peu éclairé, ni balisé avec un quai que d’un coté. 40 mn d’attention constante, pour bien rester près du coté du quai sans le cogner. De l’autre coté c’est la voute directement et il vaut mieux rester à l’écart. Sur ce canal de l’Oise à l’Aisne, nous faisons 2 escales de nuit, une au quai de Pinon
(Photo 15)
où il y a un Carrefour Market à coté, et une à Bourg-et-Comin, mais là, la halte nautique est petite et pleine. Nous avons dû virer sur le Canal latéral à L’Aisne
(Photo 16)
et nous amarrer juste là sur un quai solitaire, mais très bien finalement
(Photo 17).
Berry au Bac et l'entrée dans le canal de l'aisne à la Marne
Le 9ème jour, la météo annonce un temps pluvieux et orageux pour la prochaine demi journée et le lendemain. Nous avons un bief de 20 km avant l’écluse de Berry au Bac. Nous décidons d’aller jusqu’au quai d’attente de cette écluse. Effectivement, le ciel se charge, mais le quai à Berry au Bac
(Photo 18)
à l’écart du village est très agréable et pourquoi ne pas nous arrêter ici une journée ? Pas de commerce dans le petit village, mais quand même une boulangerie. Après cette escale reposante, nous faisons notre plein d’eau à la 1ère écluse. La 2ème écluse qui nous fait entrer dans le Canal de l’Aisne à la Marne
(Photo 19)
est complètement à la perpendiculaire en plein vent et l’entrée est extrêmement difficile. En plus, elle ne marche pas lorsque nous sommes à l’intérieur. L’intervention de VNF est comme d’habitude assez rapide.
Mais nous sommes émerveillés quand elle s’ouvre sur ce nouveau canal, d’un joli bleu vert reflétant les rangées d’arbres de ces 2 rives. Ce canal nous mène à Reims. A partir de maintenant, les écluses n’ont plus que 5,20 m de large. Elles sont à perche, et c’est moins pratique car il faut ralentir attraper la perche, la tourner pour s’annoncer à l’écluse. Nous sommes montants et le temps est magnifique. Tout se passe bien pour les 10 écluses avant Reims.
De Reims à Vitry le François, première panne.
Nous arrivons au centre ville, c’est dimanche, la fête bat son plein sur le quai. Des manèges, de la musique, des gens allongés sur des transats… le quai est plein de bateaux, mais par chance au bout, juste avant l’écluse de Fleichambaut, il y a quelques places
(Photo 20).
Nous passons une journée formidable avec son ambiance estivale et une visite de la cathédrale bien sur. A Reims, il y a tout pour faire les courses, mais c’est assez loin du quai. Après une journée de détente, nous avons droit à une longue journée de navigation plus 14 écluses et un tunnel de 2,3 km jusqu’à la halte nautique de Condé sur Marne
(Photo 21).
Comme d’habitude la halte nautique est pleine, mais nous arrivons à nous amarrer à coté au quai d’une usine. Le village est très charmant et il y a une boulangerie. Nous virons sur le Canal latéral à la Marne. 2 jours de navigation, 11 écluses et 2 incidents avant d’arriver à Vitry Le François. En traversant la ville de Chalon sur Marne, des jeunes nous jettent des pierres de la berge. Heureusement, nous nous sommes réfugiés dans la marquise et aucun carreau n’a été brisé par chance. - 2ème problème, c’est la vis de purge du circuit de gasoil du moteur qui fuit, en voulant la resserrer avec un tournevis, elle se casse. Il ne reste qu’à stopper le moteur. La berge est franche et nous nous laissons glisser le long jusqu'à l’arrêt. Nous nous amarrons avec les moyens du bord : un pieu à l’avant et un bout d’ancre planté dans l’herbe à l’arrière
(Photo 22).
Gilles réussi à fabriquer une vis de purge en faisant une encoche sur le filetage d’une vis de même dimension et ça marche. Nous rejoignons Vitry le François à petite vitesse et nous trouvons une place entre les péniches au quai du port de Givet
(Photo 23).
Il y a un centre commercial juste à coté. Un chantier aussi. Mais pour notre vis de purge, c’est plus difficile. Finalement un batelier très gentil, nous emmène avec sa voiture chez un marchand de matériel agricole et là nous trouvons tout ce qu’il faut car il y a aussi des moteurs DAF sur les tracteurs.
Le canal entre Champagne et Bourguogne.
Vitry le François est la dernière escale avant le long Canal entre Champagne Bourgogne
(Photo 24)
appelé aussi Canal de la Marne à la Saône. 71 écluses et un tunnel sur le versant Marne où nous sommes montants, suivi du tunnel de Balesmes de 4,82 km sur le plateau de langres, puis 43 écluses sur le versant Saône où nous sommes avalants. Comme nous avons bien avancé sur notre parcours, un tiers du trajet en 17 jours, nous décidons de faire de courtes journées de navigation et une moyenne de 6 à 8 écluses seulement par jour. Et aussi pour trouver de la place dans les haltes nautiques : arriver après le départ des plaisanciers de la veille et avant ceux du jour. Nous avons constaté que cette technique a été positive car nous avons presque toujours trouvé de la place partout. Que dire de ce long canal bucolique aux paysages variés et magnifiques, aux escales sauvages, mais aussi sinueux et plein de surprises ?
(Photo 28 bis),
(Photo 29)
et
(Photo 34).
Le versant Marne
Le versant Marne, d’abord : écluses à télécommande au début, quelques unes à détection automatique et les dernières entièrement manuelles. Les ponts mobiles de toutes sortes : levant, levis ou tournant, manuel ou automatique
(Photo 36).
Les agents de VNF nous suivent au jour le jour avec amabilité. Ils sont à nos petits soins ! La montée jusqu’au tunnel de Balesmes a duré 2 semaines. Les escales sont presque toutes « super » : Halte nautique d’Orconte payante (8 €/nuit) mais tout le confort (Eau, électricité, douche comme à la maison, lavoir) – Quai de Saint Dizier en ville le long d’un parking , pas terrible mais à proximité des commerces
(Photo 25).
– Halte piquenique de Chevillon très agréable
(Photo 26).
– Halte de Joinville, beau ponton en bois payant 7 €/nuit (eau, électricité, wifi)
(Photo 27).
Froncles arrêt technique
Froncles arrêt technique obligatoire au ponton VNF : rupture d’un câble de direction (drosse) dans l’écluse de Froncles, nous nous dirigeons vers le ponton avec des cordages directement fixés à l’arrière en haut du gouvernail
(Photo 28).
Gilles s’occupe du moteur et Violette manoeuvre avec les cordages, pas facile, mais on arrive. Les agents de VNF, très professionnels, nous proposent de nous emmener jusqu’à Chaumont pour acheter le câble de remplacement. Nous avons même bénéficié de leur remise. Du coup nous avons changé les 2 câbles bâbord et tribord.
Halte de Riaucourt au pied d’un petit village typique…la plus belle
(Photo 31).
– Escale sauvage après l’écluse de Reclancourt sur une berge de palplanches
(Photo 33).
(Nous avons souvent constaté la présence d’IPN en fer peint en jaune ou rouge plantés dans les berges aux environs des écluses et VNF nous ont confirmé que l’on pouvait s’y amarrer. C’est ce que nous avons fait souvent par la suite).
La pompe à eau fait des siennes
C’est là à Reclancourt que nous sommes restés 4 jours à cause d’une panne de pompe à eau de refroidissement. Il a fallu faire réparer la pompe et ce n’est pas facile en plein milieu de la campagne. Heureusement qu’il y a des réparateurs de matériel agricole pour nous aider. En plus, à 500 m, il y avait un centre commercial Leclerc donc pas de problème pour l’approvisionnement. – Halte de Foulain, charmante mais en plein vent, pas facile de s’amarrer, les pontons sont très courts (Eau mais pas électricité) – Escale sauvage sur un IPN après l’écluse de Rolampont, tout seul dans la nature
(Photo 35).
– Et enfin, Quai de Langres, très grand, mais écrasé de soleil, gratuit avec eau et électricité (2h par jour seulement), visite de la ville fortifiée de Langres mais à 2 ou 3 km.
En général, beaucoup de plaisirs rencontrés mais aussi quelques situations moins agréables : Les croisements avec des bateaux de commerce dont un qui a failli tourner au drame. Rencontre avec une péniche à un virage à 90° juste après un pont. Pas de visibilité, nous nous sommes trouvés nez à nez et le croisement a été au millimètre près grâce à une marche arrière immédiate et une marche avant en virant… ouf nous avons eu très chaud ! L’autre point désagréable ce sont les canaux encombrés d’algues ou d'herbiers
(Photo 29).
où l’hélice s’emmêle et le bateau n’avance plus, et c’est toujours dans les plus beaux endroits.
Le tunnel de Condé 0,500 km
Nous pouvons aussi noter le passage du Tunnel de Condé, pas plus long que 500 m, mais pas facile : d’abord passage de l’écluse de Condé, qui ne s’ouvre que pour entrer dans le tunnel, puis un pont‐canal à la sortie, suivi d’un pont mobile
(Photo 32).
Il faut aussi parler des nombreux « pont‐canal » qui sont tous magnifiques avec vue superbe sur le fleuve en contrebas
(Photo 30).
Le tunnel de Balesme 4,850 km et 7 km de sens unique
Le tunnel de Balesmes, dont le passage est assez compliqué et l’attente longue car il y a environ 7 km à sens unique, il faut attendre son tour. A l’entrée et à la sortie, un long canal resserré et sombre, bordé de forêt, entre deux murets vieux et moussus, très sauvage, presque lugubre
(Photo 37).
Le passage du tunnel est long mais sans difficulté, nous avons l’expérience. Il y a une balustrade d’un coté, c’est assez bien éclairé et balisé
(Photo 37 bis).
La technique : Gilles à la barre et Violette dehors sur le coté qui surveille l’écart contre la balustrade « un peu à gauche…reviens à droite… » Nous pouvons faire une escale après le tunnel car il y a des bollards sur une berge de palplanches. Nous sommes le 18 aout, nous avons encore bien avancé.
Le versant Saône
Le versant Saône, les 1ères 8 écluses sont automatiques et en chaine l’une après l’autre et cela se fait en 2 heures. 3 écluses de plus et nous voici à la halte de Piepape
(Photo 38),
ponton en bois ombragé au milieu de nulle part, c’est génial. Nous sommes « avalant » maintenant et l’éclusage est facile avec deux amarres coulissantes et en plus les écluses se vident doucement et sans remous. Par contre, les entrées d'écluses, comme nous sommes « avalant », restent difficiles s’il y a du vent. Nous ratons plusieurs fois l’entrée et atterrissons sur la berge. Il faut être patient et recommencer entre 2 rafales.
Les écluses sont à détection ou à télécommande, nous avons pris l’habitude. Le temps reste beau à part quelques orages le soir. Il nous faut 7 jours pour atteindre la fin du canal dont deux jours d’escale. En fait, il y moins de possibilité d’escales sur ce versant, surtout pour un bateau de 20 m. Nous avons quand même pu nous arrêter à la Halte de Cusey
(Photo 39),
belle halte, très propre, eau et électricité gratuite, un lavoir pour faire des petites lessives, c’est ce que nous avons fait, une pizzéria sur le quai et même le boulanger qui passe le matin.
Les autres escales sont plus ou moins sauvages, sur une berge ou sur un vieux quai d’un ancien silo comme à Reneve où Il y a un boulanger dans le village. Puis nous arrivons au quai de Maxilly, quai bétonné entièrement vide avec des bornes eau/électricité payantes (3€ les 3 heures), au village petit épicerie et une boulangerie. Plus que 2 écluses sur ce canal. Nous restituons la télécommande à la 43ème et dernière écluse nommée « Chemin de fer ».
La Saône
Le dimanche 26 aout, nous entrons sur la Saône
(Photo 40)
et les écluses reprennent des dimensions plus faciles. Les éclusiers sont sévères : obligation de porter les gilets de sauvetage pendant l’éclusage. Les écluses sont aussi plus profondes mais nous sommes toujours avalants et le système d’amarres coulissantes marche bien.
Nous apprécions aussi de retrouver des biefs plus longs. Mais nous sommes inquiets car nous craignons de ne pas trouver de place aux escales qui sont toutes situées dans les villes et nous sommes encore en période estivale. Et bien, non, nous avons toujours réussi à nous amarrer, même si on nous disait que c’est seulement pour les bateaux de moins de 15 m. Mais nous ne naviguons que le matin pour arriver entre 12 et 14 h maximum.
Voici nos escales :
- Auxonne
(Photo 41),
ville fortifiée, un quai public en gradins facile d’accostage, tout commerce à proximité.
- Saint Jean de Losne
(Photo 42),
réputée pour son accueil technique pour les bateaux, un quai public en gradins aussi, bien plein, mais nous arrivons en fin de matinée, et il y a juste une place libre… assez grande pour nous, une laverie juste en face, une supérette et des boulangeries dans le village, et plusieurs shipchandlers/chantiers/marinas à proximité (nous sommes restés une journée de plus et nous avons fait notre vidange d’huile moteur).
- Halte nautique de Tournus
(Photo 43),
très belle et toute fleurie, une demi‐place en bout de ponton, eau et électricité gratuite, le temps est pluvieux et frais, nous restons 4 jours, une ville historique à visiter, un superbe marché le samedi matin, sinon tout commerce à coté.
– Halte nautique de Belleville sur Saône,
(Photo 43 bis),
ponton prévu pour des bateaux inférieurs à 15 m, avec eau et électricité gratuites. Nous sommes restés 1 journée, le temps de voir la famille.
Sur la Saône, nous croisons maintenant de grands bateaux de commerce, des convois, et surtout des bateaux‐hôtel, mais pas de problème pour les croisements, c’est large. La prochaine escale est Lyon et nous commençons à stresser un peu car le Rhône est un fleuve plus dur et avec du courant.
Lyon
L’arrivée dans Lyon est extraordinaire avec ses quais et ses vieilles églises
(Photo 43 ter),
Nous nous amarrons sur un quai public ombragés de saules, endroit très agréable et un peu magique au pied de Fourvière
(Photo 44).
Nous restons 2 nuits car des membres de notre famille viennent nous voir. Nous en profitons pour acheter un livre carto-guide sur le Rhône car en fait nous avons très peu d’infos sur la navigation sur le Rhône. Cela va surement nous aider et nous rassurer de connaitre un peu mieux ce fleuve avant de nous y aventurer.
Le Rhône
Le 7 septembre, il fait encore un temps magnifique, nous entrons sur le Rhône
(Photo 45).
Il est majestueux et calme. Les écluses sont souvent dans des dérivations. Les écluses sont très hautes (de 7 à 23 m) mais elles ont des bollards flottants et c’est facile
(Photo 46).
Comme notre bateau est trop court pour avoir deux bollards, nous amarrons l’avant et l’arrière sur le même bollard et nous serrons bien. Le bateau s’écarte un peu de l’arrière, mais en général cela se passe très bien.
Il ne faut surtout pas oublier son gilet de sauvetage, sinon l’éclusier vous appelle par haut-parleur. Il ne commence pas l’éclusage tant que vous n’avez pas le gilet. Les éclusiers sont bien organisés, nous les appelons par téléphone 30 mn avant d’arriver pour savoir s’il y a attente ou non. Cela nous permet d’arriver vite si c’est libre ou de trainer un peu pour arriver juste au bon moment. Sinon, il faut attendre car les bateaux de commerce sont prioritaires,
(Photo 47)
et
(Photo 48).
alors on fait des ronds sur l’eau avant l’écluse.
Difficile de s’arrêter aux haltes nautiques, elles sont petites et déjà occupés. Ce 1er jour sur le Rhône, ce n’est qu’à 16 h, après avoir dépassés 3 haltes encombrées, que nous nous amarrons à la halte de Saint Vallier,
(Photo 49).
toute neuve, mais prévue seulement pour des bateaux de 15 m au plus comme d’habitude. La 1ère nuit est calme sur le Rhône.
Par contre, nous commençons à être embêtés car malgré tous nos appels dans les ports plus au sud (Beaucaire, Bellegarde, Arles, Saint Gilles…), il n’y a pas de place pour notre bateau. Pour le lendemain, nous avons réservé au port de Cruas à 70 km plus au sud. La 2ème journée se passe à merveille, sur un Rhône miroitant et lisse par une journée ensoleillée sans vent
(Photo 45 bis).
L'arrivée à Cruas
L’arrivée au port de Cruas, elle, est plus mouvementée. L’entrée du port est à droite cachée par une berge pleine de végétation. Nous ne voyons pas les balises d’entrée du port. Nous le dépassons et là, nous voyons l’entrée, mais où passer, il a des grandes balises rouges partout. Nous voyons un bateau sur la rive, nous pensons que c’est bon par là pour entrer au port. Mauvaise manoeuvre, nous pénétrons derrière une balise rouge et atterrissons immédiatement sur des cailloux. Nous voici arrêtés sur un épi à quelques mètres du port.
Quelle bêtise de notre part ! Heureusement, un plaisancier du port, ancien batelier du Rhône, vient avec son bateau et nous tire. Après 2 ou 3 essais infructueux, nous mettons en plus notre moteur à fond quelques secondes et le bateau glisse en se dandinant sur les cailloux avec des bruits de ferraille.
Nous revoici sur l’eau, nous réenclenchons le moteur, l’hélice tourne, la barre semble bien fonctionner. Ouf ! Nous entrons dans le port où une belle place nous attend. Nous vérifions le bateau, son hélice, son gouvernail, les fonds… tout semble en ordre, à part une pale de l’hélice très légèrement tordue au bord.
Le port est très agréable
(Photo 50).
dans une zone bien aménagée à l’écart du village. L’accueil est chaleureux. Nous demandons les tarifs à long terme. Cela fait 52 jours que nous voyageons, nous commençons à être fatigués et comme nous n’avons pas trouvé de place plus au sud, pourquoi ne pas rester ici à Cruas. Le village est agréable, bien organisé.
Il y a un village médiéval très touristique et nous arrivons le jour de la fête médiévale. Après 3 jours, le capitaine du port nous donne son accord pour une place pour 6 ou 8 mois à un tarif très correct. La décision est prise, nous passerons l’hiver ici et verrons entre temps pour trouver une place plus bas. Après tout, nous ne sommes qu’à 2 ou trois jours de notre destination, il sera temps au printemps prochain de descendre plus bas.
Nous avons parcouru plus de 1000 km et notre périple s’arrête là pour l’instant. En fait nous sommes contents de nous poser un peu. Finalement, notre voyage s’est bien passé, malgré quelques incidents et que nous avons frôlé par 3 fois la catastrophe. C’est ça l’aventure ! Mais ce n’est rien à coté des instants de bonheur que nous avons éprouvés tout le long de ces navigations, de ces découvertes, de ces paysages...